Mise en lumière sur ...
Tous les clubs ayant le Label Celtique peuvent demander une « Mise en lumière ». Cet avantage de la Ligue permet de mettre en avant une action du club dans la saison.
Un vendredi à 8h30, une classe de 5° du collège entre au pas de tir 10m de le section tir du CS Garnison Rennes. Les jeunes s’installent en autonomie et sécurité aux postes de tir. Voilà le rituel devenu habituel pour un cours d’EPS presque comme les autres.
Rencontrons et questionnons ceux qui permettent la découverte du tir à ces classes de collégiens.
L'investissement d'un club de tir sportif auprès des scolaires
Nos questions à Pascal KERLAU, président de la section Tir Sportif du CS Garnison Rennes.
Pouvez- vous nous présenter l’ensemble de l’action en place ?
On a fait un pari fort et osé avec de nombreuses classes sur deux périodes. Un cycle complet c’est 8 semaines, il y a 7 cours puis l’évaluation. Il y a eu au total deux classes de 6° et quatre classes de 5°, c’est environ 170 élèves benjamin/minime. Avec 25 enfants en même temps, on a divisé en sous-groupes. Pour un même cours, la moitié commençait par le tir, l’autre par de l’activité dynamique ; puis inversement à mi-créneaux. A la fois pour l’organisation mais aussi par souci pédagogique. Pour l’encadrement j’ai pris des moniteurs fédéraux d’abord, mais aussi quelques bénévoles non-formés. Les encadrants géraient des petits groupes d’élèves et la séance était préparé par le moniteur avec le diplôme le plus élevé.
Pourquoi avoir choisi de développer le tir vers le public scolaire ?
Je pratique le tir depuis 40 ans, dont 38 en choisissant de m’occuper d’une Ecole de Tir. Former des jeunes et développer le tir sportif auprès des jeunes c’est un peu la mission que je me suis fixé. La FFTir a accentué sa politique de développement scolaire il y a quelques saisons avec notamment la convention UNSS. Les scolaires c’est les enfants de la république. Quand on prend une classe il y a forcément des garçons, des filles, des enfants avec certains handicaps… Une classe c’est la représentation de la population et de la diversité. Les clubs ont besoin d’un encadrement bénévole qualifié. Le fait d’avoir encadré sur le cycle j’ai des bénévoles qui n’encadraient pas l’Ecole de Tir qui sont volontaires maintenant.
Comment avez-vous pris contact avec l’établissement ?
La base de départ c’est de s’appuyer sur les directives fédérales et les décliner en local. Il ne faut pas croire que les portes sont déjà ouvertes, il faut être offensif. Regarder où est son club, quels sont les établissements proches. On a déjà des jeunes adhérents, donc on récupère les coordonnées des profs EPS/CPE/Directeur de nos jeunes licenciés. Si on n’a pas de contact, on fait un démarchage avec une documentation. Ensuite avec un rendez-vous on vient présenter le projet en étant ouvert aux discussions et aux adaptations avec l’équipe enseignante.
Est-ce que le club a pu bénéficier d’aides financières ou matérielles ?
On a bénéficié de deux soutiens : la Ligue Régionale de Tir de Bretagne et le Comité Départemental. La Ligue avec son dispositif d’aide au public cible nous a donné des plombs et des cartons. Et nous avons bénéficié du matériel en 3 fois pour racheter des carabines en début de saison. Le Comité Départemental a décliné le plan d’action de la Ligue sur le même format de plombs et cartons. Mais il faut aussi savoir que les communes valorisent beaucoup les actions vers la jeunesse et le partenariat avec les écoles sur les subventions de fonctionnement habituelles.
Des élèvent se sont-ils déjà licenciés cette saison ?
Oui, car la convention avec le collège nous autorise aussi à faire la promotion de l’activité en club. On a remis des dépliants aux jeunes en cours. Mais l’objectif n’est pas de tous les recruter. Quelques-uns suffisent, car il s’agit aussi de faire connaitre notre sport au grand public. Je mesure les actions sur 3 ans et en prenant en compte leurs proches.
Que diriez-vous aux autres clubs ?
Passez par les connaissances dans vos Ecoles de tir. Les profs de sport sont ouverts. Je conseille aux autres clubs d’oser commencer avec une classe ou deux par exemple. A savoir aussi que le cycle peut être gratuit ou environ 20/30€ la séance, c’est ce que paie un établissement pour d’autres activités. Il faut de la passion et innover. Il ne faut pas rester figé. Il faut s’appuyer sur ce que fait la FFTir. Ça peut marcher, il faut oser essayer !
L'intérêt du tir sportif dans le cadre de l'EPS
Nos questions à Frédéric MOREL, professeur d’EPS au Collège Sainte-Geneviève à Rennes.
Quel est votre parcours et votre établissement ?
J’enseigne depuis à peu près 7 ans à Sainte Geneviève, un collège privé. On est une petite structure en ville. On est 4 collègues d’EPS. Il y a 4 classes de chaque niveau (6°, 5°, 4°, 3°).
Pourquoi choisir de faire un cycle de tir ?
On essaye de développer un maximum d’activités en variant beaucoup. Le tir nous a été proposé avec Pascal qui nous a approché. Après discussion on s’est dit qu’on allait tenter un cycle de tir sportif. Ça a été une interrogation au départ et il a fallu formaliser pour l’administratif et une convention. Cela s’est très bien passé avec notre responsable de site.
Comment cela s’est mis en place ?
On a fait un terrain d’entente entre le tir « fédéral », la sécurité, la culture sportive qui va avec aussi ; et nous avec le côté pédagogique, les lignes d’évaluations, les lignes éducatives. On a réussi avec des évaluations en tir pour les 6° et en format biathlon pour les 5°.
Les élèves ont-ils aimé ?
Ils ont vraiment apprécié. On a eu beaucoup d’engouement dès le départ. Certains élèves pouvaient mieux s’exprimer qu’avec d’autres activités, et d’autres élèves se canalisaient. Ils se sentent meilleurs et prennent confiance. Ils ont trouvé des choses qu’ils n’ont pas ailleurs. La connaissance du résultat est immédiate et individuelle. On a travaillé sur les méthodes de respiration et de contrôle. Je remercie la garnison et toute l’équipe pour les possibilités et l’individualisation à chacun.
Que diriez vous a des collègues qui seraient hésitants vis-à-vis de ce sport ?
Ça dépend comment on traite l’activité. Je pense que mes collègues peuvent comprendre que l’on peut la traiter sous une forme athlétique avec du biathlon. Et on voit bien que les élèves en tir sont beaucoup plus concentrés. Pour une fois ils ne sont plus sur le jeu, mais sur l’évolution et les acquisitions. C’est vrai que l’on n’est pas sur des développements de VMA et VO2max, mais ça reste quand même une activité qui est porteuse.
Et les parents ?
On n’a pas diffusé une information supplémentaire ou particulière. On a pris le parti de le traiter comme n’importe quelle APSA. On n’a reçu qu’un ou deux mails des parents qui avaient des doutes sur la pertinence pour des enfants. Les enfants sont rentrés à la maison avec les cartons et avec les discussions, cela s’est régulé très vite. On était lancé sur le cycle sans aucuns soucis.
Une activité encadrée par des personnes formées
Nos questions à Sandra A., animatrice de la section Tir Sportif du CS Garnison Rennes.
Quel est ton parcours dans le tir ?
Je suis pistolière mais aussi bénévole depuis 3 ans et récemment diplômée du BFA.
Comment es-tu venue à encadrer cette action ?
Dans le cadre de mon tutorat de BFA j’avais des heures à faire. On a profité du cycle collège comme on est vraiment dans de la découverte. Ça correspondait parfaitement.
Est-ce que tu as remarqué des différences entre l’encadrement des classes par rapport à l’Ecole de tir ?
Oui c’est différent car il y a une alternance entre tirer et la mise en place du sport dynamique. Ils sont là car cela est prévu dans leur cursus, tandis que les jeunes clubs viennent de leur plein gré. Au début ils sont un peu dissipés mais globalement ils se sont vite intéressés. Mr Morel nous a laissé toute latitude pour gérer la partie sécurité et tir. Les séances sont très courtes donc il faut aller à l’essentiel. C’est 1h30 avec 2 voire 3 sous-groupes. On travaille la sécurité globale et percevoir son arme en sécurité à l’armurerie, puis la position et le lâcher. On ne rentre pas dans le détail comme avec nos jeunes du club. Malgré ça ils ont eu les bons gestes assez rapidement, en 2-3 séances.
Qu’est-ce que tu dirais à des encadrants qui n’oseraient pas aller vers ce public ?
Il y a un vrai respect et un partage avec les jeunes. C’es aussi une histoire de discussion avec l’équipe enseignante. Ça permet de dédiaboliser le tir et de leur montrer une approche sportive. Les jeunes peuvent arriver avec l’idée des jeux vidéo mais se rendent vite compte que cela n’a rien à voir, qu’il y a de la rigueur et des règles à respecter. C’est une vraie discipline à part entière. Ça change l’image du tir et je trouve que c’est important que ce soit plus répandu. Acceptez aussi de ne pas avoir un cycle de tir « traditionnel » avec par exemple du biathlon ça se marie très bien. C’est intéressant à mettre en place avec les écoles et pour cela il faut discuter avec les équipes.
Qu’est ce que tu retiens de toute cette aventure ?
Avant de commencer j’avais une appréhension car justement je ne savais pas trop à quoi m’attendre sur un cycle complet et j’encadrais plutôt les adultes. Finalement ça m’a donné goût à l’encadrement des jeunes car je les ai trouvés intéressés et ils progressent vite. C’est enrichissant car il y a plein de monde et de différents niveaux ; du tout petit qui tire sur potence à des grands qui sont directement sans appui. J’ai bien aimé transmettre mon savoir avec les enfants. En fait je suis super contente que l’on ait pu faire ces cycles et que l’on va continuer. Vraiment de la diversité passionnante et enrichissante.
un groupe de collégien conquis
Nos questions à Mathilde, Clément et Soan, élèves en 5ème D au Collège Sainte-Geneviève à Rennes.
Comment as-tu réagi en apprenant que t’allais faire du tir en EPS ?
Je me disais que ça à l’air cool.
J’ai trouvé ça trop bien parce que ça va nous permettre de connaitre d’autres choses. C’est vraiment trop bien.
Je me suis dit que c’était pas la même chose que les autres cours, c’était nouveau.
Est-ce que ça t’a plu ?
Ah oui, c’était génial !
Ouai, j’ai appris à tirer en sécurité. Je voudrais en refaire l’an prochain.
Oui et c’est bonne expérience.
Qu’est ce qui t’a marqué ?
J’aime bien tirer à la carabine. Ça serait bien qu’il y en ait à l’asso du collège.
Faut pas avoir peur, tout est sécurisé et on nous explique bien. Et pour le 1er avril, il y avait des cibles avec les poissons. C’était rigolo !
Ma place de premier.